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L’Amérique du Sud est loin d’être épargnée par la pandémie de COVID-19, qui affecte les nombreux projets de recherche du CNRS sur le continent. Explications avec Olga Anokhina, directrice du bureau du CNRS en Amérique du Sud, basé à Rio de Janeiro, au Brésil.
Favela de Rocinha à Rio de Janeiro (Photo : Custódio Coimbra / Archive O Globo)
Vous avez récemment pris vos fonctions en tant que directrice du bureau du CNRS à Rio de Janeiro, qui accompagne les activités de recherche de l’organisme sur l’ensemble des pays d’Amérique du Sud, aujourd’hui menacées par l’épidémie du COVID-19. Comment le Brésil vit-il la situation ?
Olga Anokhina : La recherche, comme tous les autres domaines professionnels, subit de plein fouet les conséquences de la crise du COVID-19. Ainsi, les missions en Amérique du Sud sont suspendues et un grand nombre d’agents CNRS en détachement ont fait le choix d’un retour anticipé en France. Cependant, certains chercheurs – affectés dans un de nos International Research Laboartories (IRL), en mission de terrain longue durée, lauréats de chaires, etc – ont préféré poursuivre leurs activités sur place. Nous restons particulièrement attentifs à leur situation et à l’évolution des événements sur le territoire. Depuis le 17 mars, suite aux mesures prises par le consulat de France à Rio et par le CNRS pour l’ensemble de ses services, notre bureau, composé de moi-même et de deux volontaires internationaux, fonctionne en télétravail.
À la différence d’autres pays d’Amérique latine, le Brésil a pris peu d’initiatives en amont car le gouvernement et le président, Jair Bolsonaro, minimisent la crise. Ce dernier est d’ailleurs ouvertement critiqué par une importante partie de la population qui lui manifeste sa désapprobation tous les soirs à 20 heures, aux fenêtres des immeubles, en tapant sur des casseroles et en criant: « Fora Bolsonaro ! » [Bolsonoro, va t’en !].
Le 24 mars, le Brésil comptait près de 1 600 cas confirmés du virus et 25 décès — dont 22 dans le seul Etat de São Paulo, le plus touché. La ville et l’État de Rio, en revanche, ont pris ces derniers jours des mesures de plus en plus strictes (fermeture des écoles, réduction du temps d’ouverture des supermarchés, limitation des transports publics, fermeture des plages et des restaurants, etc…). Il est important de rappeler qu’une grande partie de la population de Rio vit dans des conditions précaires : surpopulation (30% des habitants de la ville vivent dans les favélas), pauvreté extrême, absence d’accès aux soins médicaux, auxquelles s’ajoutent des problèmes d’hygiène (coupures fréquentes et prolongées d’eau courante dans les zones les plus pauvres).
Qu’en est-il des autres pays de la région ?
O. A. : Ils ont pris beaucoup plus au sérieux la menace du coronavirus. L’Argentine est le premier pays sud-américain à avoir imposé, le 20 mars, un confinement de sa population, avec 128 cas et 3 décès. Le Chili, qui avait déjà fermé ses frontières le 18 mars, a annoncé cinq jours plus tard, le 23, un couvre-feu entre 22h et 5h. La Colombie est en confinement obligatoire depuis le 24, le Pérou depuis le 16, date à laquelle le pays a annulé tous les vols internationaux. Toutes ces mesures devraient permettre de limiter la propagation de l’épidémie. Mais elles ont également, bien sûr, compliqué le retour en France des chercheurs, car le CNRS est très présent dans la région.
Etude océanographique dans le cadre du projet Cassis de l’IRL IFAECI (Photo : Bureau du CNRS de Rio de Janeiro)
Quelle est l’implication du CNRS en Amérique latine ?
O. A. : A ce jour, le sous-continent compte 6 International Research Laboratories (IRL), outil phare de la coopération internationale du CNRS, qui se trouvent respectivement au Brésil (mathématiques), en Argentine (climat), au Chili (mathématiques, astronomie, biologie et écologie marine) ainsi que, depuis fin 2019, en Uruguay (mathématiques). Mais les pays d’Amérique du Sud sont actifs dans tous les projets que le CNRS met à disposition des partenaires tels que les réseaux (4 IRN: 2 au Brésil, 1 en Argentine, 2 au Chili), les projets bilatéraux (26 IRP: 11 au Brésil, 9 en Argentine, 4 au Chili, 1 en Uruguay, 1 en Colombie), les projets émergents (21 PICS : 7 au Brésil, 8 en Argentine, 4 au Chili, 1 en Colombie, 1 au Pérou) et 8 IEA (3 au Brésil, 3 en Argentine et 2 au Chili). Tous les instituts du CNRS sont présents dans ces projets. Certains chercheurs et chercheuses du CNRS bénéficient également d’une dizaine de projets cofinancés avec l’agence de soutien à la recherche de l’Etat brésilien de Sao Paulo (FAPESP) sélectionnés dans le cadre d’un appel bilatéral.
Dans tous ces projets, on retrouve toutes les disciplines de recherche allant de l’astronomie aux sciences sociales en passant par les sciences de l’environnement ou encore les mathématiques.
Mais en plus de ces « projets CNRS », les chercheurs bénéficient des programmes du Ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères (MEAE) auquel le CNRS participe de manière importante, souvent d’ailleurs en cofinançant les opérations. C’est le cas des programmes régionaux comme STIC AmSud (en Sciences et Technologies de l’Information et de la Communication), MATH Amsud (en Mathématiques) – 17 projets cofinancés dans ces deux programmes cette année – et à partir de 2020 CLIMAT Amsud (sur les sciences de l’environnement, au sens large). Avec le Brésil en particulier, le CNRS s’est associé au programme GUYAMAZON (projets de recherche transfrontaliers entre la France et le Brésil en Amazonie). Les programmes bilatéraux du type Programme Hubert Curien viennent s’ajouter à cette liste. Les 5 premiers co-publiants de nos laboratoires en Amérique du Sud (1500 co-publications par an) sont l’ESO (European Southern Observatory – observatoire européen installé au Chili), l’Université de Sao Paulo (Brésil), le CONICET (Argentine), l’Université du Chili et l’Université Pontificale du Chili (Chili).
Olga Anokhina, directrice du bureau du CNRS de Rio de janeiro (Photo : Julia Holter)
Comment maintenez vous le lien avec les agents sur place ainsi que la prise en charge de requêtes parfois très différentes ?
O. A. : En adéquation avec les différentes mesures prises par le gouvernement français pour circonscrire la propagation de l’épidémie et face à la généralisation de la contamination à travers le monde, nous avons contacté l’ensemble des agents sur le territoire aux alentours du 16 mars. À cette date, environ 170 chercheurs se trouvaient en Amérique du Sud, devaient s’y rendre dans les jours suivants ou y avaient séjourné les jours précédents. Toutes les missions à venir ont été annulées. Si une majorité des chercheurs en mission courte ou longue durée ont préféré écourter leur séjour et rentrer en France, certains ont eu des difficultés à trouver des vols : en effet, au fur et à mesure que les pays sud-américains fermaient leurs frontières, certaines liaisons aériennes n’étaient plus assurées.
Plusieurs agents se sont donc tournés vers nous pour tenter de débloquer la situation. Grâce à nos contacts privilégiés avec des postes diplomatiques que je tiens à remercier, nous avons pu les mettre en lien avec les personnels des différentes ambassades ou consulats, voire avec les contacts Air France des réseaux diplomatiques. Ce soutien local est précieux, tout comme celui de la cellule de crise du CNRS – et plus spécifiquement de Philippe Gasnot, fonctionnaire de Sécurité et de Défense , qui assure le suivi des cas les plus délicats, comme celui du navire océanographique l’Atalante avec 8 chercheurs à bord…
Qu’en est-il des International Research Laboratories et autres collaborations pendant cette crise ?
O. A. : Compte tenu des mesures restrictives, mises en place par tous les pays d’Amérique du Sud et par la France, qu’il s’agisse du confinement, de l’annulation des missions ou des fermetures de frontières, il est évident que la coopération est réduite ou, en tout cas, altérée pendant cette période particulière. Les responsables des IRL en Amérique du Sud signalent notamment des conséquences sur leurs activités telles que l’annulation des missions de chercheurs ou étudiants et la mise en place de systèmes de supervision des étudiants à distance, l’arrêt des observatoires chiliens (ESO, ALMA, LCO) et des programmes en cours, l’annulation d’un certain nombre de conférences et congrès, la modification des échéances pour les appels à projet, et la mise en suspens des expériences en laboratoire.
En ce qui concerne le fonctionnement quotidien, les réunions en mode visio-conférence et le télétravail sont de mise pour l’ensemble des personnels des laboratoires internationaux de notre zone, à l’exception de ceux qui exigent une continuité de service, comme par exemple le maintien des cultures d’algues, tant à Roscoff qu’à Santiago (IRL Biologie evolutive et ecologie des algues, Santiago de Chili/Roscoff). Pour les IRL comme l’Instituto Franco-Argentino para el Estudio del Clima y sus Impactos – IFAECI (Argentine) ou encore le Laboratoire Franco-Chilien d’Astronomie – LFCA (Chili), le télétravail a probablement un peu moins d’impact dans la mesure où les chercheurs peuvent se connecter aux serveurs de modélisation ou de calcul à distance. En outre, cette période de réclusion à domicile est mise à profit par nombre d’entre eux pour avancer dans la rédaction d’articles scientifiques.
Source : http://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-covid-19-confine-la-recherche-sud-americaine[:pt]
A América do Sul está longe de ser poupada pela pandemia da COVID-19, que está afetando os muitos projetos de pesquisa do CNRS no continente. Explicações com Olga Anokhina, diretora do escritório do CNRS na América do Sul, sediado no Rio de Janeiro, Brasil.
Favela de Rocinha no Rio de Janeiro (Foto : Custódio Coimbra / Arquivo O Globo)
Você assumiu recentemente o cargo de Diretor do escritório do CNRS no Rio de Janeiro, que apóia as atividades de pesquisa da organização em todos os países sul-americanos agora ameaçados pela epidemia da COVID-19. Como o Brasil está lidando com a situação?
Olga Anokhina: A pesquisa, como todos os outros campos profissionais, está sofrendo todo o impacto da crise do VIDOC-19. Assim, as missões na América do Sul foram suspensas e um grande número de agentes do CNRS destacados optaram por um retorno antecipado à França. No entanto, alguns pesquisadores designados a um de nossos Laboratórios Internacionais de Pesquisa (IRL), em missões de campo de longo prazo, presidentes de laureados, etc. -preferiram continuar suas atividades no local. Permanecemos particularmente atentos à sua situação e à evolução dos acontecimentos na região. Desde 17 de março, seguindo as medidas tomadas pelo Consulado da França no Rio e pela CNRS para todos os seus serviços, nosso escritório, composto por mim e dois voluntários internacionais, está trabalhando a partir de casa.
Ao contrário de outros países latino-americanos, o Brasil tem tomado poucas iniciativas a montante porque o governo e o presidente, Jair Bolsonaro, estão minimizando a crise. Jair Bolsonaro é abertamente criticado por uma grande parte da população, que expressa a sua desaprovação todas as noites às 20 horas, batendo tachos e panelas nas janelas dos edifícios e gritando: “Fora Bolsonaro! ” [Bolsonoro, vai-te embora!].
Em 24 de março, o Brasil teve quase 1.600 casos confirmados do vírus e 25 mortes – 22 delas somente no estado de São Paulo, o mais afetado. A cidade e o estado do Rio, por outro lado, têm tomado medidas cada vez mais rigorosas nos últimos dias (fechamento de escolas, redução do tempo de abertura dos supermercados, limitação dos transportes públicos, fechamento de praias e restaurantes, etc.). É importante lembrar que grande parte da população do Rio vive em condições precárias: superpopulação (30% dos habitantes da cidade vivem nas favelas), pobreza extrema, falta de acesso aos cuidados médicos, aos quais se somam problemas de higiene (cortes frequentes e prolongados de água corrente nas áreas mais pobres).
E quanto aos outros países da região?
O. A.: Eles levaram a ameaça do coronavírus muito mais a sério. A Argentina foi o primeiro país sul-americano a impor uma contenção populacional em 20 de março, com 128 casos e 3 mortes. O Chile, que já havia fechado suas fronteiras no dia 18 de março, anunciou um toque de recolher entre 22h e 5h cinco dias depois, no dia 23 de março. A Colômbia está sob confinamento obrigatório desde o dia 24 e o Peru desde o dia 16, quando o país cancelou todos os voos internacionais. Todas estas medidas devem ajudar a limitar a propagação da epidemia. Mas também, naturalmente, dificultaram o regresso dos investigadores a França, uma vez que o CNRS está muito presente na região.
Estudo oceanográfico no âmbito do projeto “Cassis” do IRL IFAECI (Foto : Escitório do CNRS do Rio de Janeiro)
Qual é o envolvimento da CNRS na América Latina?
O. A.: Até hoje, o subcontinente conta com 6 Laboratórios Internacionais de Pesquisa (IRL), uma ferramenta emblemática para a cooperação internacional da CNRS, localizada respectivamente no Brasil (matemática), Argentina (clima), Chile (matemática, astronomia, biologia marinha e ecologia) e, desde o final de 2019, no Uruguai (matemática). No entanto, os países sul-americanos estão activos em todos os projectos que a CNRS disponibiliza a parceiros como redes (4 IRNs: 2 no Brasil, 1 na Argentina, 2 no Chile), projectos bilaterais (26 IRPs: 11 no Brasil, 9 na Argentina, 4 no Chile, 1 no Uruguai, 1 na Colômbia), projectos emergentes (21 PICSs: 7 no Brasil, 8 na Argentina, 4 no Chile, 1 na Colômbia, 1 no Peru) e 8 IEAs (3 no Brasil, 3 na Argentina e 2 no Chile). Todos os institutos do CNRS estão presentes nestes projetos. Alguns pesquisadores do CNRS também se beneficiam de cerca de dez projetos co-financiados com a agência de apoio à pesquisa do Estado de São Paulo (FAPESP), selecionados no âmbito de uma convocação bilateral.
Todos estes projectos cobrem todas as disciplinas de investigação, desde a astronomia até às ciências sociais, ciências ambientais e matemática.
Mas para além destes “projectos CNRS”, os investigadores beneficiam dos programas do Ministério da Europa e dos Negócios Estrangeiros (MEAE), nos quais o CNRS desempenha um papel importante, muitas vezes co-financiando as operações. É o caso de programas regionais como o STIC AmSud (em Ciências e Tecnologias da Informação e Comunicação), MATH Amsud (em Matemática) – 17 projetos co-financiados nestes dois programas este ano – e a partir de 2020 CLIMAT Amsud (em Ciências Ambientais, no sentido amplo). Com o Brasil em particular, o CNRS aderiu ao programa GUYAMAZON (projetos de pesquisa transfronteiriça entre a França e o Brasil na Amazônia). Programas bilaterais, como o Programa Hubert Curien, foram acrescentados a esta lista. Os 5 principais co-editores de nossos laboratórios na América do Sul (1500 co-edições por ano) são o ESO (European Southern Observatory – Observatório Europeu do Sul – Observatório Europeu com sede no Chile), a Universidade de São Paulo (Brasil), CONICET (Argentina), a Universidade do Chile e a Pontifícia Universidade do Chile (Chile).
Olga Anokhina, diretora do escritório do Rio de Janeiro (Foto : Julia Holter)
Como se mantém a ligação com os agentes no local, bem como o tratamento de pedidos por vezes muito diferentes?
O. A.: De acordo com as várias medidas tomadas pelo governo francês para conter a propagação da epidemia e tendo em conta a contaminação generalizada em todo o mundo, contactámos todos os agentes no território por volta do dia 16 de Março. Naquela data, aproximadamente 170 pesquisadores estavam na América do Sul, deveriam viajar para lá nos dias seguintes ou haviam ficado lá nos dias anteriores. Todas as missões futuras foram canceladas. Embora a maioria dos pesquisadores em missões de curto ou longo prazo preferisse encurtar sua estadia e retornar à França, alguns tiveram dificuldade em encontrar vôos: como os países sul-americanos fecharam suas fronteiras, algumas ligações aéreas não estavam mais disponíveis.
Vários agentes, portanto, voltaram-se para nós para tentar desbloquear a situação. Graças aos nossos contatos privilegiados com os postos diplomáticos, que eu gostaria de agradecer, conseguimos colocá-los em contato com o pessoal das diversas embaixadas ou consulados, e até mesmo com os contatos da Air France nas redes diplomáticas. Este apoio local é inestimável, tal como o da unidade de crise do CNRS – e mais especificamente o de Philippe Gasnot, funcionário público de Segurança e Defesa, que acompanha os casos mais sensíveis, como o do navio oceanográfico Atalante com 8 investigadores a bordo…
E os Laboratórios Internacionais de Pesquisa e outras colaborações durante esta crise?
O. A.: Tendo em conta as medidas restritivas aplicadas por todos os países sul-americanos e pela França, seja em termos de contenção, cancelamento de missões ou encerramento de fronteiras, é evidente que a cooperação é reduzida ou, em qualquer caso, prejudicada durante este período específico. Em particular, os funcionários da IRL na América do Sul relatam as conseqüências de suas atividades como o cancelamento de missões de pesquisadores ou estudantes e a implementação de sistemas remotos de supervisão de estudantes, o fechamento de observatórios chilenos (ESO, ALMA, LCO) e programas em andamento, o cancelamento de uma série de conferências e congressos, a modificação dos prazos para a convocação de propostas e a suspensão de experimentos laboratoriais.
No que diz respeito às operações diárias, as reuniões de videoconferência e teletrabalho são a norma para todo o pessoal de laboratório internacional da nossa área, exceto para aqueles que requerem continuidade de serviço, como a manutenção de culturas de algas, tanto em Roscoff como em Santiago (IRL Biologia Evolutiva e Ecologia de Algas, Santiago do Chile/Roscoff). Para IRLs como o Instituto Franco-Argentino para el Estudio del Clima y sus Impactos – IFAECI (Argentina) ou o Laboratoire Franco-Chilien d’Astronomie – LFCA (Chile), o teletrabalho provavelmente tem um impacto um pouco menor, pois os pesquisadores podem se conectar a servidores de modelagem ou cálculo remotamente. Além disso, este período de confinamento domiciliar é utilizado por muitos deles para avançar na redação de artigos científicos.
Fonte : http://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-covid-19-confine-la-recherche-sud-americaine
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América del Sur está lejos de estar a salvo de la pandemia COVID-19, que está afectando a los numerosos proyectos de investigación del CNRS en el continente. Explicaciones con Olga Anokhina, directora de la oficina del CNRS en Sudamérica, con sede en Río de Janeiro, Brasil.
Favela de Rocinha en Rio de Janeiro (Foto : Custódio Coimbra / Arquivo O Globo)
Recientemente ha asumido su cargo como Director de la oficina del CNRS en Río de Janeiro, que apoya las actividades de investigación de la organización en todos los países de América del Sur ahora amenazados por la epidemia de COVID-19. ¿Cómo está enfrentando Brasil la situación?
Olga Anokhina: La investigación, como todos los demás campos profesionales, está sufriendo todo el impacto de la crisis de COVID-19. Así pues, se han suspendido las misiones en América del Sur y un gran número de agentes del CNRS en comisión de servicio han optado por un pronto retorno a Francia. Sin embargo, algunos investigadores -asignados a uno de nuestros laboratorios de investigación internacional (IRL), en misiones de campo a largo plazo, laureados de cátedra, etc.- prefirieron continuar sus actividades sobre el terreno. Seguimos particularmente atentos a su situación y a la evolución de los acontecimientos en la región. Desde el 17 de marzo, tras las medidas tomadas por el Consulado Francés en Río y por el CNRS para todos sus servicios, nuestra oficina, compuesta por mí y dos voluntarios internacionales, ha estado trabajando desde casa.
A diferencia de otros países latinoamericanos, Brasil ha tomado pocas iniciativas en la fase inicial porque el gobierno y el presidente, Jair Bolsonaro, están minimizando la crisis. Jair Bolsonaro es criticado abiertamente por una gran parte de la población, que expresa su desaprobación todas las tardes a las 8 p.m. golpeando ollas y sartenes en las ventanas de los edificios y gritando: “¡Fora Bolsonaro! ” [Bolsonoro, ¡vete!].
El 24 de marzo, Brasil tenía casi 1.600 casos confirmados del virus y 25 muertes, 22 de ellas sólo en el estado de São Paulo, el más afectado. Por otra parte, la ciudad y el estado de Río han tomado medidas cada vez más estrictas en los últimos días (cierre de escuelas, reducción del horario de apertura de los supermercados, limitación del transporte público, cierre de playas y restaurantes, etc.). Es importante recordar que una gran parte de la población de Río vive en condiciones precarias: superpoblación (30% de los habitantes de la ciudad viven en las favelas), pobreza extrema, falta de acceso a la atención médica, a lo que se suman problemas de higiene (cortes frecuentes y prolongados del agua corriente en las zonas más pobres).
¿Qué pasa con los demás países de la región?
O. A.: Se han tomado la amenaza del coronavirus mucho más en serio. La Argentina es el primer país de América del Sur que ha impuesto una contención de la población el 20 de marzo, con 128 casos y 3 muertes. Chile, que ya había cerrado sus fronteras el 18 de marzo, anunció un toque de queda entre las 22.00 y las 5.00 horas cinco días después, el 23 de marzo. Colombia está bajo confinamiento obligatorio desde el 24 y Perú desde el 16, cuando el país canceló todos los vuelos internacionales. Todas estas medidas deberían contribuir a limitar la propagación de la epidemia. Pero también, por supuesto, han dificultado el regreso de los investigadores a Francia, ya que el CNRS está muy presente en la región.
Estudio oceanográfico en el marco del proyecto “Cassis” del IRL IFAECI (Foto : CNRS Escitório de Rio de Janeiro)
¿Cuál es la participación del CNRS en América Latina?
O. A.: Hasta la fecha, el subcontinente cuenta con 6 Laboratorios Internacionales de Investigación (IRL), una herramienta emblemática para la cooperación internacional del CNRS, ubicados respectivamente en Brasil (matemáticas), Argentina (clima), Chile (matemáticas, astronomía, biología marina y ecología) y, desde finales de 2019, Uruguay (matemáticas). Sin embargo, los países de América del Sur participan activamente en todos los proyectos que el CNRS pone a disposición de los asociados, como redes (4 IRN: 2 en el Brasil, 1 en la Argentina, 2 en Chile), proyectos bilaterales (26 IRP: 11 en el Brasil, 9 en la Argentina, 4 en Chile, 1 en el Uruguay, 1 en Colombia), proyectos emergentes (21 IRP: 7 en el Brasil, 8 en la Argentina, 4 en Chile, 1 en Colombia, 1 en el Perú) y 8 IEA (3 en el Brasil, 3 en la Argentina y 2 en Chile). Todos los institutos del CNRS están presentes en estos proyectos. Algunos investigadores del CNRS también se benefician de una decena de proyectos cofinanciados con la agencia de apoyo a la investigación del Estado brasileño de Sao Paulo (FAPESP) seleccionados en el marco de una convocatoria bilateral.
Todos estos proyectos cubren todas las disciplinas de investigación, desde la astronomía a las ciencias sociales, las ciencias medioambientales y las matemáticas.
Pero además de estos “proyectos del CNRS”, los investigadores se benefician de los programas del Ministerio de Europa y Asuntos Exteriores (MEAE) en los que el CNRS desempeña un papel importante, a menudo cofinanciando las operaciones. Este es el caso de programas regionales como STIC AmSud (en Ciencias y Tecnologías de la Información y la Comunicación), MATH Amsud (en Matemáticas) – 17 proyectos cofinanciados en estos dos programas este año – y a partir de 2020 CLIMAT Amsud (en ciencias medioambientales, en sentido amplio). Con el Brasil en particular, el CNRS se ha incorporado al programa GUYAMAZON (proyectos de investigación transfronterizos entre Francia y el Brasil en la Amazonia). Se han añadido a esta lista programas bilaterales como el Programa Hubert Curien. Los cinco principales coeditores de nuestros laboratorios en América del Sur (1500 coediciones por año) son ESO (Observatorio Europeo Austral – Observatorio Europeo con sede en Chile), la Universidad de Sao Paulo (Brasil), CONICET (Argentina), la Universidad de Chile y la Universidad Pontificia de Chile (Chile).
Olga Anokhina, directora de la oficina de Río de Janeiro (Foto : Julia Holter)
¿Cómo mantiene el vínculo con los agentes en el lugar, así como el manejo de solicitudes a veces muy diferentes?
O. A.: En línea con las diversas medidas adoptadas por el gobierno francés para contener la propagación de la epidemia y en vista de la contaminación generalizada en todo el mundo, nos pusimos en contacto con todos los agentes en el territorio alrededor del 16 de marzo. En esa fecha, aproximadamente 170 investigadores se encontraban en América del Sur, debían viajar allí en los días siguientes o habían permanecido allí en los días anteriores. Todas las misiones futuras fueron canceladas. Si bien la mayoría de los investigadores en misiones de corta o larga duración preferían acortar su estancia y regresar a Francia, algunos tenían dificultades para encontrar vuelos: como los países sudamericanos cerraron sus fronteras, algunos enlaces aéreos ya no estaban disponibles.
Por lo tanto, varios agentes se dirigieron a nosotros para tratar de desbloquear la situación. Gracias a nuestros contactos privilegiados con los puestos diplomáticos, a los que quiero dar las gracias, hemos podido ponerlos en contacto con el personal de las distintas embajadas o consulados, e incluso con los contactos de Air France en las redes diplomáticas. Este apoyo local es inestimable, al igual que el de la unidad de crisis del CNRS, y más concretamente el de Philippe Gasnot, funcionario de Seguridad y Defensa, que hace un seguimiento de los casos más sensibles, como el del buque oceanográfico Atalante con 8 investigadores a bordo…
¿Qué hay de los Laboratorios de Investigación Internacional y otras colaboraciones durante esta crisis?
O. A.: Habida cuenta de las medidas restrictivas aplicadas por todos los países de América del Sur y por Francia, ya sea en materia de contención, cancelación de misiones o cierre de fronteras, es evidente que la cooperación se reduce o, en todo caso, se altera durante este período concreto. En particular, los funcionarios del IRL en América del Sur informan de las consecuencias de sus actividades, como la cancelación de las misiones de los investigadores o estudiantes y la aplicación de sistemas de supervisión de estudiantes a distancia, el cierre de los observatorios chilenos (ESO, ALMA, LCO) y de los programas en curso, la cancelación de varias conferencias y congresos, la modificación de los plazos de las convocatorias de propuestas y la suspensión de los experimentos de laboratorio.
En cuanto a las operaciones diarias, las reuniones por videoconferencia y el teletrabajo son la norma para todo el personal de los laboratorios internacionales de nuestra zona, excepto para aquellos que requieren continuidad de servicio, como el mantenimiento de los cultivos de algas, tanto en Roscoff como en Santiago (IRL Biología Evolutiva y Ecología de las Algas, Santiago de Chile/Roscoff). Para los IRL como el Instituto Franco-Argentino para el Estudio del Clima y sus Impactos – IFAECI (Argentina) o el Laboratoire Franco-Chilien d’Astronomie – LFCA (Chile), el teletrabajo probablemente tiene un impacto ligeramente menor ya que los investigadores pueden conectarse a los servidores de modelado o cálculo a distancia. Además, este período de confinamiento en casa es utilizado por muchos de ellos para avanzar en la escritura de artículos científicos.
Fuente : http://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/le-covid-19-confine-la-recherche-sud-americaine[:]